Fédération internationale de hockey sur glace

RFA 1990: Maren Valenti

RFA 1990: Maren Valenti

La plus jeune de tous les temps lutte contre la S.P.

Publié 04.04.2013 11:06 GMT-4 | Auteur Andrew Podnieks
RFA 1990: Maren Valenti
Maren Valenti est l'entraîneuse avec le bonnet vert. Elle entraîne des enfants de 8 à 12 ans au club Löwen Francfort. Lola, la gardienne de but de 8 ans, est la seul fille dans l'équipe.
Le calcul est simple, mais tout aussi trompeur. Maren Valenti était au Championnat mondial inaugural de 1990 il y a 23 ans. La joueuse qui habite aujourd’hui à Francfort est âgée de 37 ans.

Elle avait donc 13 ans lors du premier Championnat mondial féminin à Ottawa et elle détient toujours le record de la plus jeune joueuse à y avoir pris part.

Comment cela est-il possible?

« J’ai été invitée à jouer dans la Bundesliga à l’âge de 12 ans, explique-t-elle. C’est là que l’entraîneur de l’équipe nationale m’a vue. Quand je suis entrée dans l’équipe en 1990, mes coéquipières avaient 25 ou 30 ans et je n’avais que 13 ans. Quand j’y repense, je me rends compte que je suis devenue adulte du jour au lendemain. »

Valenti a dû obtenir la permission de ses parents et de son école pour être du voyage à Ottawa. « J’étais une bonne élève, mais tout le monde savait que j’avais du talent sur la patinoire et que le Championnat mondial était une occasion en or. On m’a donc laissée partir pendant deux semaines. »

En dépit de sa jeunesse et de son équipe qui n’était pas particulièrement forte, Valenti a marqué un but et récolté une aide en cinq matchs. Son but a ouvert la marque lors de la victoire de 4-1 sur le Japon. Ses débuts au hockey étaient aussi naturels que ceux de n’importe quel garçon de Sudbury ou d’Örnskäldsvik, ou de toute autre petite ville nordique.

« Quand j’étais petite, mon père était joueur de hockey professionnel, raconte Valenti. Mon frère, qui a un an de plus que moi, a également joué chez les professionnels. Nous avons commencé à jouer au hockey ensemble dès notre plus jeune âge. Je voulais tout le temps jouer au hockey. Je suis tombée dans la marmite quand j’étais petite. J’ai chaussé des patins pour la première fois à deux ans et demi à Ravensburg, près des Alpes. Nous avons ensuite déménagé à Fribourg-en-Brisgau et à Mannheim. Les escales sont nombreuses dans ma carrière de hockeyeuse. »

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Son père, Danilo, était défenseur au sein de l’équipe REV de Bremerhaven et son frère, Martin, a également joué comme défenseur pendant 15 ans principalement dans l’équipe de Ravensburg. Pour Maren, le hockey n’était pas seulement un jeu. Elle en mangeait et son but était de s’améliorer.

« Quand je jouais avec mon frère, je détestais qu’il soit meilleur que moi et il détestait que je sois meilleure que lui. Nous avions une belle rivalité, mais aussi une belle amitié. Les conditions étaient idéales pour que je m’améliore. J’avais déjà de bonnes bases quand l’équipe nationale m’a repêchée. Je pouvais patiner, manier la rondelle et la mettre dans le filet. »

Malgré son très jeune âge, son apprentissage s’est fait assez facilement. « J’ai commencé à jouer avec des filles à l’âge de 12 ans, raconte-t-elle. Avant je jouais avec les garçons. En 1989-90, je faisais partie d’une ligue féminine et c’est là que des recruteurs de l’équipe nationale m’ont recrutée. Je savais que j’étais une bonne joueuse, mais ce n’était pas très important pour moi. Je voulais jouer au hockey, c’est tout. »

Valenti était tout de même assez bonne pour être du voyage à Ottawa, une expérience dont elle garde de très bons souvenirs.

« Je me souviens que toutes les équipes logeaient au même hôtel et que nous étions comme une grande famille. Les joueuses canadiennes, suisses et allemandes se serraient les coudes. Je ne suis pas allée à la fête de fin du tournoi parce que j’étais trop fatiguée. Mes coéquipières m’ont demandé d’y aller, mais j’étais trop jeune et je voulais aller me coucher. C’était une des principales différences entre mes coéquipières et moi. »

Comme les autres participantes, Valenti se souvient surtout des éléments visuels du tournoi. « J’étais contente de voir les joueuses de l’équipe canadienne vêtue d’un pantalon blanc et d’un chandail rose, raconte-t-elle en riant. C’était impressionnant d’être présente et de voir les équipes d’un aussi grand nombre de pays. C’était une révolution dans le hockey féminin et j’étais très heureuse d’en faire partie. »

Elle se rappelle également les souvenirs qu’elle a rapportés à la maison. « Toutes les joueuses ont reçu un canard sculpté dans de la pierre à savon. J’ai aussi reçu une rondelle ornée de l’inscription “Championnat mondial Ottawa 1990” que je possède toujours. J’ai aussi conservé mon laissez-passer. »

Certaines des joueuses qui ont participé au Championnat mondial de 1990 n’ont jamais repris part à l’événement, mais Valenti n’en était qu’à ses débuts. Elle est retournée sur les bancs d’école, elle a continué à jouer et elle s’est rendue à de nombreux tournois pendant la décennie suivante. En 1998, l’EHC Freiburg lui a offert un contrat et elle est devenue la première femme à jouer dans la Bundesliga (2ème Division). Elle a porté les couleurs de l’équipe pendant 24 matchs en arborant le numéro 99 qui lui avait été attribué par son équipe.

« Je sais que c’était le numéro de Wayne Gretzky. Ils m’ont donné ce numéro parce qu’ils pensaient que c’était la seule occasion où une fille jouerait dans la grande ligue. Ils disaient que Wayne était spécial et que la situation l’était aussi. C’était un grand honneur et j’avais un profond respect pour mon numéro. Mais ce n’était pas mon idée de le porter. »

Deux ans plus tard, Valenti s’installait au Canada et jouait dans la LNHF avant de retourner à la maison se préparer pour les Jeux olympiques, son rêve le plus cher. Les Allemandes ont terminé au sixième rang du tournoi qui allait être le chant du cygne de Valenti.

« Les raisons qui m’ont amenée à prendre ma retraite sont complexes, confie-t-elle. Après les Jeux olympiques, j’ai commencé à tomber. On disait en riant que je vieillissais, mais je suis allée voir le médecin pour voir de quoi il en retournait. Personne n’arrivait à expliquer mes chutes. J’ai été obligée d’arrêter de jouer au hockey. Il a fallu trois ans pour que les médecins découvrent que je suis atteinte de sclérose en plaques. J’ai bien pris la nouvelle. Je me suis dit que je devais vivre avec, mais que je devais trouver comment. Je n’étais même pas triste. Je connaissais maintenant la raison de mes chutes et du déclin de ma carrière de hockeyeuse. Je n’avais jamais entendu parler de cette maladie. Quand j’ai reçu le diagnostic, j’ai fait des recherches pour comprendre à quoi j’avais affaire, comment vivre avec la maladie et quels médicaments j’aurais à prendre. »

C’est Maren tout craché. Pas de larmes. Pas d’apitoiement. C’est la vie et maintenant on passe à autre chose.

« J’aime créer, raconte-t-elle de sa vie après le hockey. J’habite Mannheim. Quand je ne travaille pas, je peins. Je suis graphiste. En ce moment, je fais du pop art et de la peinture. »

Comprendre sa maladie l’a libérée et elle est rapidement retournée au sport qu’elle aime tant. « Une fille m’a demandé d’être entraîneuse de son équipe de hockey. J’avais déjà été entraîneuse d’équipes pour enfants alors j’ai accepté. C’est comme ça que ma deuxième carrière a commencé. De 2004 à 2006, j’ai enseigné l’aspect technique du jeu à des enfants. Maintenant, je suis entraîneuse d’une équipe de garçons de 11 à 13 ans et j’enseigne aussi à des enfants comment patiner. J’adore ça. »

En 2009, Maren a reçu un appel de la fédération allemande de hockey sur glace. Elle allait être intronisée au temple de la renommée. « Je n’arrivais pas à y croire! J’avais seulement 32 ou 33 ans. J’ai ma place au musée et je suis encore en vie! »

Et voilà pourquoi Valenti, encore jeune et fougueuse, a une carrière de hockeyeuse d’un quart de siècle derrière elle même si elle n’a pas encore 40 ans. Elle a touché à tous les aspects du hockey allemand, elle reste impliquée et elle continue à soutenir l’équipe nationale. « Je garde le contact avec plusieurs joueuses [de 1990], dit-elle. Je me suis même rendue au tournoi de qualification à Sotchi pour encourager l’équipe. Je veux savoir ce qui se passe. »

 

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